La question Allemande
Directement liée, au XIXe siècle, à la question de l’unification de l’Allemagne, de la place de l’Allemagne en Europe et de ses relations avec les autres États européens, ainsi qu’à la question accompagnant l’unification de l’Allemagne,
Qu’est ce que l’Allemagne
Continue, semble-t-il, à hanter, explicitement ou implicitement, l’histoire allemande et européenne, la relation de l’Allemagne avec elle-même et l’Union européenne, ainsi que la politique européenne dans son ensemble.
Depuis la chute du mur de Berlin et l’unification de l’Allemagne moderne, cette question historiquement très actuelle apparaît particulièrement renforcée et liée aux craintes, en Europe et en Allemagne même, de l’établissement d’une Europe allemande au lieu de l’adhésion à l’UE d’une Allemagne européenne.
Outre la multitude de problèmes complexes et, dans une large mesure, sans précédent, auxquels l’UE doit faire face sur la voie d’une unification significative, la tentation historiquement et idéologiquement chargée de l’hégémonie européenne, à laquelle la politique allemande contemporaine semble parfois céder, est peut-être l’une des questions importantes qui continue à occuper les politiques et les intellectuels allemands et européens.
Les philosophes
Se référant au célèbre sociologue, philosophe politique et historien des idées letton Isaiah Berlin (1909-1997), et à son livre « The Roots of Romanticism » (éd. G. Papadimitriou, Athènes : Scripta, 2000, pp. 73-75, 81 et 174), nous lisons à ce propos : » La vérité est que les Allemands, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ont constitué une sorte de cercle rétrograde « .
En particulier, comme le souligne Berlin, la guerre de Trente Ans, dans laquelle les troupes françaises étaient également impliquées dans le camp opposé, a infligé à l’Allemagne une telle mort et une telle destruction qu' »elle a écrasé son esprit à un tel point que la civilisation allemande a fini par être confinée et brisée dans toutes ces petites et étouffantes cours provinciales.
Dans ces circonstances, « un complexe d’infériorité généralisé avait commencé à se manifester à l’égard de tous les grands États progressistes de l’Ouest, et plus particulièrement à l’égard de la France, cet État tout à fait glorieux qui avait réussi à écraser et à humilier les Allemands ».
Fracture culturelle entre les français et les allemands
Si à la fracture culturelle profonde et multiforme, avant tout culturelle, qui s’est créée entre les Français et les Allemands, ou si vous voulez – ce que Berlin soutient aussi implicitement – entre les voleurs du catholicisme et du mouvement des Lumières, d’une part, et du protestantisme et du romantisme (comme réponse allemande, partielle, aux Lumières françaises alors triomphantes), d’autre part.
Si l’on ajoute la Révolution française qui, en raison des guerres napoléoniennes qui ont suivi, a provoqué une explosion du nationalisme allemand, puis, si l’on tient compte de la défaite militaire allemande de la Première Guerre mondiale, avec le traité de Versailles humiliant pour l’Allemagne, mais aussi des horreurs qui se sont produites pendant la Seconde Guerre mondiale, alors plusieurs questions sur le cours futur de l’UE prennent une autre dimension.
Je voudrais, comme je le fais toujours, considérer cet article comme un déclencheur de réflexion, et non comme une position définitivement cristallisée.
